Compte-rendu | L’amère patrie

Depuis quelques années, dans la recherche féministe québécoise, l’intérêt pour la question des rapports entre le nationalisme et le féminisme occupe un espace privilégié. Déjà en 1999, Diane Lamoureux dirige avec Chantai Maillé et Micheline de Sève l’ouvrage Malaises identitaires. Échanges féministes autour d’un Québec incertain, un collectif fort intéressant portant justement sur les rapports entre citoyenneté et féminisme, entre nationalistes et féministes. L’amère patrie. Féminisme et nationalisme dans le Québec contemporain poursuit cette lancée à la fois théorique et historique et se propose d’analyser les questions liées à la souveraineté, à la citoyenneté et à la nation en rapport avec l’exclusion des femmes. Ces deux ouvrages s’inscrivent dans un courant novateur qui s’intéresse à la construction de la citoyenneté et de la représentation politique. L’originalité de ces travaux, notamment ceux de Diane Lamoureux, est de démontrer que la citoyenneté et la représentation politique s’avèrent des notions «genrée», plaçant souvent les féministes devant un dilemme cornélien difficile à résoudre. Ce tiraillement identitaire est explicite chez les féministes radicales québécoises du Front de libération des femmes du Québec (FLF) des années 70, alors qu’elles se posent la question : est-on d’abord femmes ou d’abord Québécoises ? Diane Lamoureux, politologue de renom et professeure à l’Université Laval, n’en est pas à ses premières tentatives. En effet, depuis plus de vingt ans, ces questions occupent une place centrale dans sa production intellectuelle. Ainsi, Lamoureux s’attache dans L’amère patrie à comprendre la nature des notions modernes qui fondent les sociétés occidentales actuelles, et qui excluent les femmes – et les féministes – des processus démocratique et identitaire. […]

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