Malgré l’argument de départ, l’auteure n’a pas fait de ce Livre d’Emma un polar, ni davantage un roman psychologique. D’ailleurs, le lecteur ne connaîtra jamais les détails de l’infanticide et on ne lui donnera pas les grandes lignes de la constellation psychologique de la meurtrière. Si un procès a bel et bien lieu dans les pages du livre, ce n’est pas celui auquel on s’attend. Lorsque Emma commence à raconter sa vie, en créole, à la compatriote qui lui est assignée comme interprète, c’est bien davantage le procès de l’Histoire qui est fait: l’Histoire qui a permis que les femmes noires en soient réduites à vivre des existences de chiennes.[…]