Diane Lamoureux a voulu examiner, dans ce collectif qui fait suite à un colloque de l’Association canadienne française pour l’avancement des sciences (ACFAS), dans quelle mesure et de quelle manière la théorie queer interroge certaines «certitudes» des mouvements féministes, gais et lesbiens. Cette interrogation est menée selon diverses perspectives: politique, sociologique et philosophique. Des mouvements comme le féminisme ou celui des gais et des lesbiennes ont en effet permis l’émergence, entre autres, de la question de l’identité. Dans un premier temps, le débat a eu lieu entre essentialistes (dont le but est «de faire émerger l’identité du groupe en l’extrayant des rapports de domination qui la façonnent et lui conférer une image positive» (p. 13)) et constructivistes (qui considèrent que «l’identité des groupes minorisés est un produit de l’oppression qu’ils subissent» (p. 14)). La question de la fluidité des identités dans un contexte postmoderniste a été mise à jour et revendiquée par la pensée queer. De dénonciation de l’oppression, l’action politique prend dès lors la forme d’une mise en scène souvent parodique de ces identités refoulées.
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Voilà donc un ouvrage collectif qui ne présente pas d’effort d’intégration, mais, et c’est justement le propos de ce livre, qui pose, et fort bien, de nombreuses questions d’ordre épistémologique et politique. Se donnant davantage un objectif de renversement des évidences, il reste volontairement dans l’indécidable, dans le flou ou l’hybride qu’il souhaite voir émerger socialement. Il demeure également du côté de la création, de la contradiction ou du paradoxe.