Compte-rendu | Mines de rien

C’est un soupir de soulagement qu’inspire la lecture de l’ouvrage Mines de rien. Chroniques insolentes. Lancé en mars 2015 aux éditions du remue-ménage, il vient combler une place peu explorée dans le paysage féministe québécois, soit celle de la mise en scène concrète et quotidienne du sexisme ordinaire. Ici, on voit grand: il n’est pas question de s’en tenir au portrait exhaustif d’une problématique spécifique, mais plutôt d’explorer le vaste univers qu’implique être une femme dans le Québec actuel. Ainsi, ceux et celles qui clament la fin des inégalités de genre n’ont plus qu’à se taire: la tangibilité des doubles standards entre dans l’ordre de l’irréfutable. […]

En somme, cet ouvrage nous convainc du besoin collectif de remettre en question les manifestations du sexisme ordinaire, aussi (prétendument) banales soient-elles. Sa lecture apparaît comme une occasion en or pour s’ouvrir à la pensée féministe et pour intégrer l’application d’un féminisme du quotidien. Chaque moment est saisissable pour déconstruire la perpétuation des catégories de genre et des clichés sexistes. Les trois auteures rappellent que, bien qu’elle soit définitivement ingrate, la tâche de compter les femmes à chaque moment s’avère primordiale tant que la parité ne sera pas atteinte, et ce, dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Éprises de liberté et de justice, Boisclair, Joubert et Saint-Martin s’interrogent, toujours avec une pointe d’ironie, sur la supériorité du masculin sur le féminin. Elles font le vœu que les femmes «arrêtent de faire une équivalence entre leur corps, leur personne et leur travail» (p. 109). Nous espérons qu’il sera entendu.

Lire sur Recherches féministes