Côtoyer Hélène

[…] Ces jours-ci, c’est Hélène Pedneault, que je découvre grâce à la nouvelle publication, parue aux Éditions du Remue-Ménage, Qui est Hélène Pedneault? Fragments d’une femme entière. Je la découvre, par les mots des autres et par les siens, puisque judicieusement, Sylvie Dupont a réuni des politiciennes et politiciens, des écrivaines et écrivains, des universitaires, des féministes, bien sûr, mais aussi des artistes, des collègues, des amis. 68 témoins de la vie de cette femme, de son oeuvre artistique, féministe, souveraine, écologique.

Si, dans ma vie, j’ai eu la chance d’avoir de bons modèles de féministes, il fut rarement question de féminisme, des féminismes, chez moi. Avec une mère universitaire et sommité dans son domaine, un père conseiller syndical, toujours prêt à faire respecter les droits des femmes, l’égalité homme-femme et l’équité salariale, de même que la généalogie des femmes – qu’on n’a pratiquement jamais faite, dans l’histoire –, je comprenais que le féminisme se vivait au quotidien, dans l’autodétermination et le respect. C’est un peu ce que je retiens de l’oeuvre d’Hélène Pedneault et ce que j’apprends, ces temps-ci, sur les bancs de l’UQÀM, dans un cours intitulé Rapports de sexe, vie privée et intervention sociale. J’y ai découvert un peu plus les féminismes et La Vie en rose, ce magazine, auquel collaborait Pedneault dans les années 1980. Avec son travail au sein de La Vie en rose, ses Chroniques délinquantes (1982-1987) ont forgé les Mélissa Blais, Chantal Petitclerc, Léa Clermont-Dion et autres femmes qui participent à l’«enquête» de Sylvie Dupont sur la féministe, journaliste, écrivaine et chroniqueuse. Son combat pour la souveraineté aura aussi marqué les indépendantistes, Gérald Larose en tête, qui signe un texte-portrait sur la grande dame, dans le magnifique livre qui lui est dédié.

Le parcours de Pedneault est chargé, fort de textes coups de poing et brillants; elle est inspirante et militante; elle est complète et entière, comme le suggère Larose: «Entière parce qu’elle y mettait tout ce qu’elle avait. Complète parce qu’elle portait un projet qui embrassait toutes les conditions humaines». Avec ces textes colligés par Sylvie Dupont, cette enquête menée avec rigueur, je découvre une femme que j’aurais voulu connaître, côtoyer, être. Décédée à l’âge de 56 ans, d’un cancer foudroyant, Hélène Pedneault aura vécu avec fougue et détermination, marquant au fer rouge l’histoire du Québec; notre passé, donc, mais aussi notre présent et notre futur, puisque son décès, en 2008, n’a fait que propulser son oeuvre à l’avant, rappelant ce qu’elle avait été, ce qu’elle sera. […]

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