Sujet bien délicat que celui des rapports amoureux et sexuels entre des professeurs d’université et des étudiants. Nier que de tels rapports mettent en jeu des relations de pouvoir relèverait de l’aveuglement. «La norme, fait remarquer Martine Delvaux, professeure à l’UQAM, implique un homme en position de supériorité et une femme en position de subordonnée, et le plus souvent, elle implique un abus de pouvoir.»
Faut-il, pour cela, criminaliser de telles relations ou, à tout le moins, mettre en place des règles déontologiques visant à les interdire, même si des adultes «consentants» sont en cause? Ne risque-t-on pas, ce faisant, comme le croit Kateri Lemmens, professeure à l’UQAR, «de détourner un problème qui tiendrait d’abord à l’éducation et à la morale et de favoriser l’hypocrisie et la clandestinité»?
Les enjeux liés à cette question sont sérieusement abordés dans Sexe, amour et pouvoir. Il était une fois… à l’université, un ouvrage collectif dirigé par Martine Delvaux, Valérie Lebrun et Laurence Pelletier et issu d’un colloque tenu à l’UQAM le 14 novembre 2014. Les 17 intervenantes réunies sont des universitaires, professeures ou étudiantes, et proposent de solides réflexions qui, même quand elles expriment une indignation, évitent l’esprit de procès.
[…] Dénonciation, sous divers tons, du «sexisme systémique à l’université», selon la formule de Pelletier et Lebrun, cet ouvrage, qui contient plusieurs essais incandescents, tant par le propos que par le style, nous plonge au cœur d’une vieille histoire qui ne passe pas, qui fascine mais ne va pas sans drames bien réels, et nous impose, par conséquent, une réflexion morale fondamentale.