En beau fusil

Même énergie combative, mais de nombreuses voix à l’unisson dans le collectif Libérer la colère que viennent de lancer les Éditions du remue-ménage. Et ça déménage. Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy ont réuni des voix de tous les horizons, connues ou moins, sous cette couverture rose où figure un majeur indigné. Des femmes abusées en colère, des mères en ta, des immigrantes en estie, des dépressives en crisse, des femmes blessées, fatiguées, usées, violées, révulsées, victimes du deux-poids-deux mesures, jamais crues, à peine entendues, remises à leur place, quelque part entre la charge mentale et le sois-belle-et-tais-toi. C’est libérateur de les lire.

Tiens, Pénélope McQuade qui pensait être en préménopause, mais qui était simplement en crisse. Bouffées de chaleur contre bouffées de colère. Des jeunes mères qui ont lu Les tranchées de Fanny Britt pour réaliser qu’elles étaient «perpétuellement en tabarnak». Elles noient leur surdose de petites parfaites sur Instagram dans une bonne dose de vino et d’antidépresseurs.

Ces femmes ne parlent pas d’une colère qui fait l’apologie de la violence ou des groupes d’extrême droite, non. Elles font jaillir une colère tue depuis des siècles, celle de leur bassin génétique, qu’elles portent malgré elles et en raison du rôle qu’on leur confère au sein de la société. On fait taire les «%#@*? ! de folles» de toutes les manières possibles. Simplement en leur disant qu’elles sont folles. Mais comme l’explique Rose McGowan, on s’en fiche bien de passer pour amères ou folles: «Si ce n’est pas ça, ce sera autre chose, alors autant avoir une cause à défendre.»

Et plus nous serons nombreuses, moins nous aurons besoin d’être fâchées.

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