On voulait avoir les portes paroles étudiantes, ensuite thématiques et groupes qu’on a ciblés. On a aussi des textes expérientiels dans un appel plus élargi. On voulait aussi qu’il y ait des choses qui émergent des filles qui ont contribué à la grève qui ne sont pas connues, qui ont fait un travail dans l’ombre et qui ont porté la grève à bout de bras, c’était important aussi d’avoir des filles des régions, pas juste avoir le discours de Montréal. […] Des témoignages émouvants, comme celui de Karen Juliette Lalonde, « Un printemps sous P6 » qui exprime avec intensité le volet de la répression policière et de la brutalité, a été très important. C’est ce qu’on entendait au quotidien dans le mouvement des femmes tout le temps. Mais c’est ce qu’on n’arrivait pas à faire ressortir, on avait des témoignages informels mais il n’y avait aucune femme qui était prête à écrire sur la question. On a finalement réussi à trouver cette contribution très touchante qui fait remonter tous les stigmates de la grève, parce que c’est toute une génération qui va percevoir la police d’une toute autre façon. Pour les femmes avec leur parcours d’oppression c’est déjà une charge supplémentaire, mais là ça vient raviver plein d’autres blessures et ça prend une tournure différente, qui va prendre beaucoup de temps à guérir.