Francis Dupuis-Déri : “être proféministe doit comporter des coûts, et pas seulement des avantages”

Comment décririez-vous les effets du patriarcat dans votre collaboration sur des bases féministes ?

Mélissa Blais : Pour moi, nos rapports avec les médias démontrent la persistance des dynamiques patriarcales, puisque Francis reçoit des invitations des médias bien plus souvent que d’autres femmes féministes, moi y compris, pour expliquer son engagement et présenter son expertise. Et on prétend chaque fois que c’est très original de permettre à des hommes de s’exprimer sur ces questions.

Francis Dupuis-Déri : En effet, j’ai été sollicité pour parler de tant de sujets sur lesquels je n’ai pas écrit une ligne : l’avenir du féminisme, les femmes en politique, la non-mixité féminine, les sports féminins, le métier de secrétaire et même le « plafond de verre », douce ironie! Lorsque je refuse de telles invitations et propose des expertes, on m’explique qu’il serait plus intéressant d’entendre un homme sur ces sujets. On me demande même mon avis sur des thèmes d’expertise de Mélissa, les violences contre les femmes et l’attentat antiféministe du 6 décembre, alors qu’on ne lui demande jamais d’intervenir sur des sujets dont je suis spécialiste. Il y a donc un avantage à être un homme proféministe, même lorsque les médias s’intéressent aux femmes, et c’est très problématique. […]

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