Avec Francis Dupuis-Déri, enseignant en sciences politiques à l’UQAM, elle [Mélissa Blais] a lancé plus tôt cette année une version remaniée de l’ouvrage collectif Le mouvement masculiniste au Québec: l’antiféminisme démasqué aux Éditions du remue-ménage. Pour elle, il ne fait pas de doute que lorsque l’on porte notre attention de manière exclusive sur ce blogueur [Roosh V], on peut oublier de mettre en lumière «le reste de la forêt» dont les divers arbres. Ceux-ci, au discours en apparence beaucoup plus respectable, mettent en péril les fragiles acquis qu’ont obtenu les femmes au cours des dernières années.
Les stratégies de ces masculinistes ou de ces «hoministes» sont insidieuses. Il y a de leur part une récupération de problématiques sociales telles que le décrochage scolaire des garçons, le suicide des hommes, la garde d’enfants dans les cas de séparation ou de divorce ou encore une présumée symétrie de la violence dans les cas de violence conjugale. Loin de l’idée de vouloir ignorer la souffrance des hommes, Blais estime qu’il ne faut pas se centrer exclusivement sur celle-ci et occulter celle des femmes. En effet, ces militants – car leur discours s’inscrit dans un mouvement – basent leur argumentaire sur la croyance erronée que les hommes seraient en crise en raison des femmes et des féministes. C’est donc tenir pour acquis que l’égalité entre les hommes et les femmes est atteinte, voire même que les femmes domineraient actuellement la société au détriment des hommes. Leur discours, qui peut sembler en apparence être un d’égalité, se fonde alors sur une prémisse fallacieuse.