Dans un voyage Montréal-Québec, j’avais tourné les pages jusqu’à la fin, incapable d’interrompre cette parole enfin décidée à exister sans être coupée. Inutile de tenter d’éviter les clichés: l’œuvre de Pattie O’Green est de celles qui bouleversent. Écriture performative s’il en est une, sa lecture m’aura non seulement touchée, mais aura contribué à transformer mon regard – ma perception de l’univers social dans lequel j’évolue et duquel cette œuvre est également issue.
Dans un style tantôt lyrique, tantôt humoristique et critique, l’auteure invite le lecteur à entrer dans le gouffre de l’inceste, nous racontant les agressions subies dans son enfance et les mécanismes de défense développés pour y survivre. Elle nous parle de sa sœur Claudine réfugiée dans la folie, des étapes de sa propre convalescence et de la vie qui continue entre voyages, amours et famille. La gravité du thème n’est jamais ici synonyme de lourdeur. Sans emphase pathétique, le style, fluide et vif, place le lecteur dans un état ambigu où humour, joie et tristesse s’agencent. […]