[…] Mettre la hache, le slam western de Pattie O’Green, recycle les traits de quelques genres intimes et oscille entre autobiographie, essai et pamphlet. On pourrait sans équivoque parler d’une écriture marquée par l’oralité qui joue sur l’incertitude générique en plaçant le corps au cœur de cette ballade guerrière. Le souffle du texte prend la forme d’une scansion effrénée qui traduit les soubresauts d’une pensée en accord avec la reconstruction d’une identité: «Pis on va comprendre que le petit rehaussement de la BEAUTÉ DE L’HUMANITÉ ne se fera pas avec un BISTOURI, mais avec la HACHE, chers amis.» Ce geste performatif nous interpelle, nous confronte à cette réalité du trauma et aux séquelles qu’il a engendrées. La colère résonne, s’entend. Il faut dire que les dispositifs typographiques et les dessins de Delphine Delas contribuent à hausser le ton du texte, à le slamer davantage. Les cicatrices laissées par l’inceste sont visibles, elles s’incarnent sous nos yeux: images de cœurs sanguinolents, de Buddha pas très zen, de fillette-Ophélie sur le point de sombrer dans les eaux noires, du pistolet de la convenance placé sur la tempe. Le livre reproduit sur papier la pratique de blogueuse de O’Green qui, dans cet autre lieu d’expression, aborde la réalité de tous les types d’agression sexuelle.