Recension | Sorcières, sages-femmes et infirmières

En 1976, les Éditions du Remue-ménage faisaient paraître Sorcières, sages-femmes et infirmières: une histoire des femmes et de la médecine. En 1976, je n’étais pas née. Les Éditions du Remue-ménage avaient un an à peine, et ce livre, une traduction, n’était que leur deuxième publication. J’ai aujourd’hui trente-sept ans et j’aborde le livre avec curiosité. Le livre est mince, à peine 100 pages. Quarante ans après sa parution, cette plaquette féministe se proposant de démystifier l’institution médicale vaut-elle encore le détour? […]

Alors qu’aujourd’hui le nombre de femmes en médecine a pratiquement rejoint celui des hommes, on pourrait être tenté de penser l’analyse des auteures est révolue, périmée. Il y a quarante ans, lumineuses, elles avaient déjà une réponse à fournir aux tenants de cette idée:

«Le professionnalisme en médecine, n’est rien de plus que l’institutionnalisation du monopole de la classe dirigeante. Il ne faut jamais confondre professionnel et expert. L’expert, par définition, accumule un certain nombre de connaissances et les partage alors que le professionnel est élitiste, exclusif sexiste, raciste et en faveur de la division des classes. Dans le passé, les Américaines qui reçurent une formation médicale étaient trop prêtes à accepter le professionnalisme que cela impliquait. Elles gagnèrent ce statut individuel, mais sur le dos de leurs sœurs moins privilégiées, les sages-femmes, les guérisseuses et les infirmières. Notre but aujourd’hui ne devrait pas être de donner accès à la profession médicale aux femmes mais d’ouvrir complètement la médecine —, et ce, à toutes les femmes.»

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