Les bonnes planques de l’antiféminisme

Grâce à l’essai [Le boys club] de Martine Delvaux, professeure canadienne, le sujet des boys clubs fait l’actualité, féministe, depuis quelques semaines: elle y analyse ces groupes d’hommes, souvent riches, blancs, hétéros, présents partout dans les structures de nos sociétés. Clubs non-mixtes, conseils d’administration, réunions politiques… Des lieux de pouvoir où ces groupes d’hommes se réunissent et prennent des décisions avantageuses à leur égard, et souvent défavorables aux femmes. Antiféministes, ces boys clubs?

Mélissa Blais tempère. «Si l’antiféminisme cherche à créer des espaces exclusivement masculins, le boys club n’est pas nécessairement antiféministe. Ce dernier est une posture politique visant à reproduire cette division sociale des sexes, qui identifie les féminismes comme un problème. Un boys club reproduit une vision sociale inégalitaire des sexes, la division sexuelle du travail, une hiérarchie de valeurs entre travail masculin et féminin… C’est de l’entraide entre hommes, du copinage : la reproduction de leurs avantages et privilèges par une posture masculine traditionnelle.» Cette posture masculine n’épargne pas les mouvements progressistes de gauche. Parce que « ces organisations sont aussi contrôlées par des hommes blancs, hétéros pour la plupart. Indirectement, ils reproduisent un privilège, celui de prioriser la lutte qui défend leurs propres besoins et intérêts. Cette reproduction des clivages, à l’intérieur des assemblées de gauche, permet d’expliquer pourquoi le féminisme passe toujours au second plan, tout comme l’antiracisme. Il s’agit quand même bien, dans les faits, d’articuler dans leur stratégie une sorte d’antiféminisme », poursuit la professeure, qui remarque au passage que le mouvement féministe reproduit aussi cette priorisation «d’une lutte que nous espérons universelle», mais qui invisibilise les inégalités raciales et sociales et laisse donc des femmes à la marge.

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