Pour les femmes, souligne Lamoureux, les motifs de révolte demeurent nombreux. Et non seulement ils perdurent, mais ils se démultiplient. À l’heure où l’on démantèle l’État social et où l’on place de plus en plus les individus et les groupes en compétition les uns avec les autres, les solidarités se morcellent. Simultanément, on assiste à une montée alarmante des discours moralement conservateurs. Ainsi, les attaques proviennent de deux fronts. D’un côté, le filet social s’amincit, les femmes s’appauvrissent et voient leur autonomie menacée. De l’autre, les discours qui remettent en question le droit des femmes à disposer librement de leur corps gagnent du terrain. Les menaces de recul sont nombreuses, et réelles.
À travers les textes rassemblés dans cet ouvrage, l’auteure tente de répondre à des questions fondamentales : Après des décennies de lutte vigoureuse, le mouvement féministe fait-il mine de s’enliser? Comment construire une action féministe collective à l’heure du morcellement des solidarités, mais aussi au moment où les voix se diversifient, à l’intérieur même du mouvement féministe? Si les femmes ne s’identifient plus à un « nous » homogène, cela signifie-t-il qu’il faille renoncer à constituer un mouvement collectif?