Andrée-Marie Dussault dresse le portrait de la dignité blessée, mais résistante, de femmes qui ont la beauté de l’humanité en lutte
Souvent présentée comme la plus grande démocratie du monde, l’Inde demeure un mystère pour la plupart des Québécois. Les lecteurs du Devoir, eux, grâce aux excellentes chroniques indiennes du collègue Guy Taillefer, disposent toutefois de quelques lumières sur cet univers. Vaste et populeux pays dans lequel se côtoient la modernité et le Moyen Âge, l’Inde connaît, depuis le début des années 1990, un important essor économique, mais, comme le rappelle la journaliste indépendante Andrée-Marie Dussault, «c’est aussi, et avant tout, une nation qui compte le tiers des pauvres de la planète». L’Inde, de plus, évoque peut-être, dans les esprits occidentaux, Gandhi et sa philosophie de la non-violence, mais, constate la journaliste, «il s’agit d’un pays où ceux qui détiennent le pouvoir exercent une grande violence envers les personnes socialement infériorisées: les pauvres en général, les castes inférieures, les tribals (les autochtones) et les femmes».
C’est la situation de ces dernières, principalement, que nous fait découvrir Voyage dans l’Inde des Indiennes, un bref et solide recueil de reportages. Originaire de Québec, Andrée-Marie Dussault a étudié à l’UQAM et à Genève, où elle a ensuite travaillé comme rédactrice en chef d’un magazine féministe. De 2004 à 2011, elle a vécu en Inde, écrivant à partir de là des reportages pour des quotidiens suisses et québécois, notamment La Presse et Le Soleil. Aujourd’hui, de retour en Suisse, elle publie, au Québec, cet ouvrage vivant et instructif qui ne cache pas son angle féministe.