Portraits de femmes conjugués au verbe pleurer

Si le féminisme semble avoir libéré les femmes de l’étouffant carcan du patriarcat, il ne les a pas encore sorties de la vallée des larmes. La littérature québécoise des dernières années regorge en effet de personnages féminins éplorés, ecorchés. Trois écrivaines nous livrent ici trois variations sur un même thème : blessures d’enfance et amours déçues de femmes malheureuses. Comme les pierres. L’univers de Bouche cousue met en scène la mater dolorosa, la matrone de l’abnégation. Aux prises avec un mari malade, des fils délinquants et un commerce familial déclinant, la grand-mère Laçasse ravale ses sanglots et souffre en silence. Pour les leçons de stoïcisme, sa petite-fille Marie a donc eu le professeur parfait. Mal aimée puis abandonnée par sa mère, l’enfant encaisse la tête haute. Quel magnifique personnage Ninon Larochelle a créé là ! Par son esprit incisif et sa bravade, couche de vernis sur son immense détresse de fillette esseulée, Marie Laçasse rappelle la Bérénice de L’Avalée des avalés de Ducharme.

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