Compte-rendu | La main tranchante du symbole

Le recueil de textes et d’essais féministes de Louky Bersianik s’offre à la lecture sous un titre dont on peut dire d’abord qu’il est efficace et préciser ensuite qu’il reflète d’entrée de jeu le ton d’un livre qui deviendra le lieu même d’un questionnement très serré du symbole. L’importance de la mise en discours choisie lors de la construction d’un   titre est évidente puisque le contenu sémantique qui y est véhiculé s’impose en quelque sorte dès lors comme synonyme du texte qui suit. Or La main tranchante du symbole est un titre qui parle fort et dru bien avant que les yeux ne se posent sur les premières pages de l’ouvrage. Divisée en cinq parties dont la plus longue est placée en plein midi, cette anthologie réunit des écrits produits pour la plupart dans le cours de la décennie 1980. Bersianik présente son livre comme une «tentative de rouvrir le procès d’Oreste» (p. 17). L’auteure voit en effet les symboles issus des conclusions de ce procès comme la base du patriarcat, tel que celui-ci perdure.

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L’engagement féministe ne saurait ici être mis en question. Les lectrices et les lecteurs inconditionnels de Bersianik sauront sans doute pardonner rapidement les redites, inhérentes peut-être à la forme de présentation choisie, soit celle du recueil-anthologie ; les autres apprécieront aussi bien la véracité de l’ensemble du propos que la vivacité coutumière de la plume de l’écrivaine.

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Compte-rendu | La main tranchante du symbole

La Main tranchante du symbole réunit un ensemble d’essais rédigés entre 1980 et 1990, à l’exception de quelques extraits de L’Euguélionne (1973) repris pour illustrer une réflexion spécifique sur la langue et de la postface composée en 1978. Ouvrage fragmenté par conséquent, mais dont l’unité réside dans le propos féministe de son auteure: remise en cause du patriarcat à travers une série de commentaires sur la langue, l’écriture, le pouvoir, la tradition religieuse et philosophique, ainsi que l’émergence d’une culture au féminin d’une part; discussion polémique de problèmes concrets et urgents auxquels sont confrontées les femmes d’aujourd’hui de l’autre (la criminalisation de l’avortement, le statut de la maternité face aux nouvelles techniques de reproduction, le sort des mères porteuses, la violence faite aux femmes — viol, abus physique, harcèlement sexuel, discrimination, meurtre —, etc.).

La parution de ce livre en 1990

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Louky Bersianik a fait sienne cette conception de l’histoire en continuant d’aménager dans ses fictions des fenêtres qui assurent une meilleure circulation de l’air, cherchant à faire entendre des voix différentes, décentrées, des harmonies et des accords variés, à multiplier, déplacer et recréer le sens ailleurs que dans l’absolu, à se donner des sexualités ouvertes, plurielles, hétérogènes, à démembrer la symbolique figée et stérile du patriarcat. Écriture vécue comme une dynamique, une gestuelle qui permet de concevoir le féminisme comme un espace de discussions, de remises en questions, de changements,  […] un territoire mouvant, ouvert, multiforme et en mouvement, bref un lieu postmoderne.

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