«Porn studies», la porno à l’université

[…] Les universitaires ne vivent pas dans une tour d’ivoire déconnectés de la réalité, ils savent que l’internet regorge de millions de sites pornographiques. Des esprits plus culottés que d’autres se sont alors engagés dans un projet fascinant et controversé: décortiquer les images et les films sexuellement explicites.

«Qu’on le veuille ou non, la pornographie existe, établit Julie Lavigne, historienne de l’art rattachée au département de sexologie de l’UQAM. Est-ce un sujet d’étude légitime? Ça fait partie de notre culture visuelle.» Elle estime qu’il faut se pencher sur la porno pour comprendre ce qu’elle transmet, comment elle opère et essayer d’en comprendre la structure narrative. «Même si on a l’impression qu’il n’y en a pas, glisse-t-elle en laissant échapper un rire, il y en a quand même une.»

Julie Lavigne s’est notamment penchée sur les codes de la pornographie pour prendre la mesure d’œuvres d’artistes et d’activistes féministes comme Pipilotti Rist et Annie Sprinkle. Ses recherches ont fait l’objet d’un essai touffu intitulé La traversée de la pornographie: Politique et érotisme dans l’art féministe, qui creuse notamment avec acuité les notions d’érotisme et de pornographie.

«Très souvent, la distinction entre érotisme et pornographie repose sur un jugement de valeur ou sur le type de sexualité représenté», observe-t-elle. Sans compter que ce qui est jugé pornographique change selon les lieux et les époques. Il lui fallait trouver une manière plus objective de faire la part des choses pour analyser les œuvres qu’elle avait choisies, puisque celles-ci travaillaient précisément sur la frontière entre ces deux univers et la rendaient «poreuse».

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Compte-rendu | La traversée de la pornographie

Il est intéressant de constater que cet ouvrage associe des concepts développés par des spécialistes de la recherche ainsi que par des féministes de l’histoire de l’art et des sciences sociales sur l’érotisme et la pornographie. Il regroupe 343 entrées. L’analyse des oeuvres de trois artistes féministes en arts visuels permet à Lavigne de concevoir la «métapornographie» qui transcende les codes habituels de la pornographie commerciale produite par les hommes. Toutefois, cela est possible en éludant l’aspect moral de la pornographie et de l’érotisme sacré des relations sexuelles entre les personnes. AVERTISSEMENT : la lecture de cet ouvrage provoque de l’excitation sexuelle!

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La traversée de la pornographie: Qu’est-ce que la métapornographie?

Lorsqu’il se rattache à l’appréciation d’un film, le terme «pornographique» désigne couramment une dimension péjorative de l’œuvre. Il connote la gratuité d’un surcroît de scènes de cul, une préférence pour la facilité, un raccourci vendeur, un contenu inutile, etc. C’était d’ailleurs l’un des principaux arguments du mécontentement lorsque Kechiche a raflé la Palme d’Or en 2013. Dans le monde du cinéma, cette accusation n’est pas récente, on a qu’à penser aux derniers films de Pasolini. Barthes disait pour sa part qu’il n’y a «rien de plus homogène qu’une photo pornographique» : aucun détournement du sens ne s’opère à partir de celle-ci, ce qui renforce en quelque sorte une sémantique de la vacuité autour du terme. Ceci est sans compter l’industrialisation de la sexualité qui rallie, selon plusieurs, le capitalisme marchand à l’ordre patriarcal au sein de la porno.

Si l’adjectif sert à condamner un registre de représentations, pourquoi certaines artistes revendiquent-elles l’aspect pornographique de leur œuvre? C’est le paradoxe à partir duquel travaille Julie Lavigne dans La traversée de la pornographie: Politique et érotisme dans l’art féministe, publié au printemps 2014 aux Éditions du remue-ménage. Pour l’historienne de l’art et professeure au Département de sexologie de l’UQAM, les recherches sur la pornographie en art constituent un point aveugle des études sur l’art féministe. Pourtant, le phénomène de la «pornographie féministe», qu’elle observe depuis les années 90, est au cœur des pratiques artistiques de certaines femmes. Comment, dès lors, aborder de telles œuvres si la pornographie est signe de marchandise, de patriarcat, ou encore d’objectivation du corps féminin?

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Féministe, la porno?

Pendant 15 ans, Julie Lavigne s’est penchée sur la représentation de la pornographie dans l’art féministe. Son nouvel essai, La traversée de la pornographie, démontre que la pornographie est loin d’être réservée aux hommes.

Depuis toujours, on a associé l’érotisme aux femmes et la pornographie aux hommes. Mais dernièrement, des films pornos « grand public », réalisés par des femmes, ont changé la donne: Romance (Catherine Breillat, 1999) et Baise-moi (Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, 2000).

C’est dans l’optique de vouloir comprendre ce qu’était l’érotisme et la pornographie que Julie Lavigne, professeure du département de sexologie de l’UQÀM et historienne de l’art de formation, a fait cet essai sur l’art féministe.

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La pornographie, simple variation de l’érotisme? Une historienne de l’art se penche sur le phénomène dans l’art féministe

La pornographie serait-elle une variation de l’érotisme, fondée essentiellement sur des principes de transgression des normes?

C’est ce que suggère l’historienne de l’art Julie Lavigne, également professeure au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal, dans son livre La traversée de la pornographie, publié récemment aux Éditions du remue-ménage.

Julie Lavigne s’est intéressée plus spécifiquement à la pornographie dans l’art féministe, tel qu’apparu durant les années 1990, à travers l’analyse de différentes œuvres, entre autres d’Annie Sprinkle, de Pipilotti Rist, et de Marlene Dumas. Elle réalise alors que l’érotisme est un terme «assez vaporeux», et qu’il est «difficile d’avoir des balises assez claires pour déterminer si une œuvre était érotique ou pas». «La pornographie, c’est l’érotisme des autres», dit une citation attribuée alternativement à Alain Robbe-Grillet et à André Breton, et reprise dans le livre.

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Entrevue avec Julie Lavigne

Pour la troisième chronique de La Brique ou Le livre, Marie-Ève rencontre Julie Lavigne, auteure du livre La traversée de la pornographie: Politique et érotisme dans l’art féministe paru dernièrement aux Éditions du remue-ménage. À travers les écrits de Georges Bataille et l’analyse de femmes artistes œuvrant dans le domaine du figuratif et de la vidéo (Carolee Schneemann, Pipilotti Rist, Annie Sprinkle et Marlene Dumas), elle propose un regard subversif des codes de la pornographie mainstream et va creuser là où ça gêne trop souvent. Entre érotisme et pornographie, comment en parler, qu’en dire? Comment l’art peut permettre cet espace de réflexion? À écouter, et à lire, pour aller plus loin! Julie Lavigne est historienne de l’art et professeure au Département de sexologie de l’UQAM.

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Pornographique et féministe? Un essai de Julie Lavigne explore le phénomène de la pornographie féministe

Depuis longtemps, on a l’habitude d’associer l’érotisme aux femmes et la pornographie aux hommes. Julie Lavigne, professeure au Département de sexologie, rejette ce postulat. Celle qui est aussi historienne de l’art vient de publier un essai, La traversée de la pornographie (Éditions du remue-ménage), dans lequel elle explore le phénomène de la pornographie féministe dans les arts: vidéo, cinéma, arts visuels, performance.

En s’appuyant sur les théories de l’écrivain français Georges Bataille et de la féministe américaine Linda Williams, la chercheuse revisite les œuvres des artistes Carolee Schneemann, Annie Sprinkle, Pipilotti Rist et Marlene Dumas, lesquelles s’approprient les codes de la pornographie commerciale pour mieux les travestir. «Depuis plus de 20 ans, une forme de métapornographie propose une représentation de la sexualité féminine loin du paternalisme et de la victimisation, dit Julie Lavigne. Une représentation qui ne cherche pas à essentialiser la sexualité féminine ni à objectiver le corps féminin de façon négative. Des artistes filment leurs propres relations sexuelles, d’autres réutilisent des images de l’industrie porno ou offrent des performances explicites, tout en s’affirmant féministes.» […]

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