Compte-rendu | Les limites de l’identité sexuelle

Diane Lamoureux a voulu examiner, dans ce collectif qui fait suite à un colloque de l’Association canadienne française pour l’avancement des sciences (ACFAS), dans quelle mesure et de quelle manière la théorie queer interroge certaines «certitudes» des mouvements féministes, gais et lesbiens. Cette interrogation est menée selon diverses perspectives: politique, sociologique et philosophique. Des mouvements comme le féminisme ou celui des gais et des lesbiennes ont en effet permis l’émergence, entre autres, de la question de l’identité. Dans un premier temps, le débat a eu lieu entre essentialistes (dont le but est «de faire émerger l’identité du groupe en l’extrayant des rapports de domination qui la façonnent et lui conférer une image positive» (p. 13)) et constructivistes (qui considèrent que «l’identité des groupes minorisés est un produit de l’oppression qu’ils subissent» (p. 14)). La question de la fluidité des identités dans un contexte postmoderniste a été mise à jour et revendiquée par la pensée queer. De dénonciation de l’oppression, l’action politique prend dès lors la forme d’une mise en scène souvent parodique de ces identités refoulées.

[…]

Voilà donc un ouvrage collectif qui ne présente pas d’effort d’intégration, mais, et c’est justement le propos de ce livre, qui pose, et fort bien, de nombreuses questions d’ordre épistémologique et politique. Se donnant davantage un objectif de renversement des évidences, il reste volontairement dans l’indécidable, dans le flou ou l’hybride qu’il souhaite voir émerger socialement. Il demeure également du côté de la création, de la contradiction ou du paradoxe.

Lire sur Recherches féministes

Plus…

Queer, féminisme, homosexualité: Quand l’identité sexuelle s’éclate

Diane Lamoureux est une spécialiste du féminisme et des questions identitaires. Professeure de sciences politiques à l’Université Laval, elle vient de lancer Les Limites de l’identité sexuelle, un recueil de textes qu’elle a dirigé, et qui traite de la question des identités sexuelles ambiguës. Jouant avec la notion anglo-saxonne du queer, les auteurs de cet ouvrage tentent de tester la solidité ou la fragilité des vieilles notions de masculinité, de féminité, d’hétérosexualité et d’homosexualité.

Ainsi, dans le chapitre signé par Colette Saint-Hilaire, on découvre que les normes sexuelles sont si fortes que des chirurgiens se sont spécialisés dans les opérations visant à normaliser les enfants qui naissent avec des organes sexuels «anormaux». Comme le note Diane Lamoureux, la catégorie sexuelle de l’état civil est la seule qui ne prévoit pas de catégorie «autre».

Diane Lamoureux espère bien que la pensée queer nous permettra de nous repenser.[…]

Lire sur Voir

Plus…