Masculinisme : l’antiféminisme en embuscade

Il n’y a pas qu’en France que les associations masculinistes font les yeux doux aux décideurs. Prenons le Québec, par exemple. « Depuis 2010, on assiste à une phase d’institutionnalisation de ces mouvements. Le lobbying est devenu une pratique plus importante, notamment chez les groupes de pères », observe Mélissa Blais, chercheuse québécoise spécialiste du masculinisme et coautrice d’Antiféminismes et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui. Depuis 2014, l’association Pères séparés est ainsi devenue un partenaire officiel du ministère de la Santé. « De plus en plus, les pouvoirs publics exigent des organisations de femmes qui interviennent auprès des victimes de violences conjugales qu’elles se rapprochent des groupes oeuvrant auprès des hommes violents si elles veulent obtenir des financements », ajoute Mélissa Blais. Ce qui, sur le papier, semble a priori une bonne chose. Le problème, c’est que parmi ces organisations consacrées aux hommes violents, certaines remettent en question (plus ou moins ouvertement) la dimension genrée des violences conjugales, qui toucheraient également hommes et femmes. Comme le réseau À coeur d’homme, qui s’érige contre « la vision stéréotypée de la femme victime et soumise face à l’homme violent et contrôlant » et a lui aussi l’oreille (et le soutien financier) du ministère québécois de la Santé […]

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