Active dès sa création dans le Front de Libération des Femmes du Québec – création sur laquelle elle revenait récemment dans un entretien vidéo publié sur la revue en ligne Raisons Sociales, et qui lui valut quelques semaines de prison – Louise Toupin est également alliée de longue date du mouvement des travailleuses du sexe, collaborant notamment avec l’association québécoise Stella, et auteure de plusieurs articles sur la question du «trafic» des femmes et son traitement par les mouvements féministes. Titulaire d’un doctorat en science politique et chargée de cours à l’UQAM, elle compte également parmi les fondatrices des Éditions du remue-ménage, chez qui elle a déjà publié d’une part, avec Véronique O’Leary, une histoire du féminisme québécois, Québécoises deboutte ! (en deux tomes, publiés respectivement en 1982 et 1983), et d’autre part une anthologie de textes issus du mouvement des travailleuses du sexe, en codirection cette fois avec Claire Thiboutot et Maria Nengeh Mensah: Luttes XXX. Inspirations du mouvement des travailleuses du sexe (paru en 2011).
Dans son dernier ouvrage, Le salaire au travail ménager. Chronique d’une lutte féministe internationale (1972-1977), c’est un épisode oublié de l’histoire du féminisme qu’elle nous propose de découvrir: celui du Collectif Féministe International (CFI), qui s’est fondé au début des années 1970 autour de la revendication d’un salaire pour le travail ménager. Si l’on trouve quelques travaux consacrés à ce mouvement en langue anglaise (voir par exemple Elizabeth Homans, Wages for Housework in the Decade of Women’s Liberation), les références francophones sur le sujet sont particulièrement rares, voire inexistantes. C’est donc le résultat à la fois d’un énorme travail d’archives (dont les archives personnelles de Mariarosa Dalla Costa et de Silvia Federici), de traductions et d’entretiens, qui permet à Louise Toupin de remobiliser aujourd’hui l’histoire d’un mouvement qui participa tout de même, à l’échelle internationale, tant à la construction d’un réseau de militantes engagées dans des luttes locales, qu’à la production d’un important corpus théorique qui renouvelait l’approche marxiste à partir d’une perspective féministe. […]