Montrer la démarche derrière la fabrication de livres féministes tout en témoignant de l’histoire du mouvement féministe des quarante dernières années. Voilà ce que 40 ans deboutte, à l’affiche jusqu’au 2 octobre à l’Écomusée du fier monde, met en lumière à travers des archives fournies. Celles-ci nous font voyager dans les assemblées, les manifs, les rencontres de femmes, les représentations du Théâtre des Cuisines et font témoigner poètes, militantes, auteures, éditrices.
« On a l’impression que tout le monde a accès à cette documentation, comme on est constamment en contact avec les archives de la maison d’édition, commente Valérie Lefebvre-Faucher, éditrice au Remue-ménage. Mais les gens ne connaissent pas nécessairement l’existence de tout ça. L’expo permet donc la découverte de ce trésor caché, un accès à un pan de l’histoire du Québec. Si on ne le fait pas, quelque chose va se perdre, une certaine mémoire collective. »
« Il fallait mettre en valeur cette richesse incroyable, explique Catherine Dubé, chargée de projet de l’exposition et étudiante à la maîtrise en muséologie. Même si certains objets ne sont que des billets, de simples feuilles de notes, pour les féministes d’aujourd’hui, c’est une documentation précieuse. »
Ce qui ressort de la consultation de ces foisonnantes archives, c’est la pluralité du discours et l’aspect collectif du combat féministe, majeur dans l’identité de Remue-ménage. « Ce qu’on a vraiment voulu montrer, c’est la polyphonie, la prise de parole commune, explique Valérie. C’est très important dans l’histoire de la littérature des femmes, au Remue-ménage comme ailleurs. Notre catalogue compte beaucoup d’ouvrages collectifs. Je crois que ça nous démarque dans le paysage de l’édition au Québec. »
L’éditrice estime que cette valeur de multiplicité de la parole est d’ailleurs une façon de jouer avec les normes de l’édition. « On est à mi-chemin entre plusieurs genres littéraires, on déconstruit cette espèce de rapport d’autorité, entre éditeur, auteur, lecteur. »
Catherine Dubé affirme avoir aimé travailler avec cet aspect pluriel. « Je doutais de ma capacité à mettre en valeur les livres dans une expo, dit la jeune muséologue. Mais on a fait bien plus que ça finalement : on a mis l’accent sur la prise de parole des femmes. »