Recherche: Les mots de désordre

Sa révélation, Marie-Andrée Bergeron l’a eue dans un cours de rhétorique de Chantal Savoie, lorsque la professeure en études littéraires a présenté le numéro spécial de La Vie en rose qui marquait le 25e anniversaire de naissance de la revue féministe. Oui, oui, celui paru en 2005, qui affichait en couverture une mannequin couverte d’une burka, dont les jambes se dévoilaient à la faveur du souffle d’une bouche de métro. «J’ai été touchée par cette parole libre de toutes contraintes, sans langue de bois, sans compromis», confie l’intense Marie-Andrée, qui n’avait que trois ans à la mort de la publication, en 1987.

L’étudiante en maîtrise en histoire littéraire à l’Université Laval a alors plongé dans les 50 numéros de La Vie en rose pour décortiquer la rhétorique et les stratégies déployées dans les éditoriaux. Une fois son mémoire écrit, sous la direction de Chantal Savoie, restait le désir de faire partager sa découverte à un public plus large que les lecteurs universitaires. D’autant plus que les artisanes de la revue ont toujours pris plaisir à naviguer entre discours militant, culture populaire et savante. Cette jeune féministe convaincue a donc repris la lecture des éditoriaux de la revue qu’elle a mis en contexte par rapport à l’actualité de l’époque.

Le livre qu’elle en a tiré, Les mots de désordre, qui vient d’être lancé par les Éditions du remue-ménage, veut donner l’occasion aux filles de sa génération de découvrir la parole que leurs aînées ont prise sans rien demander à personne, il y a quelques décennies. Comme le proclame Sylvie Dupont, une des sept fondatrices de la revue, dans l’éditorial du premier numéro, «le féminisme est loin d’être triste. […]

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