Regard sur l’œuvre de Françoise Collin au Québec

C’est avec un vif intérêt que j’ai lu Françoise Collin, anthologie québécoise, 1977-2000, anthologie préparée par Marie-Blanche Tahon et qui paraît ce printemps aux Éditions du remue-ménage. Philosophe, écrivaine, féministe, Françoise Collin, qui est décédée en 2012, a joué un grand rôle dans la diffusion et l’actualisation de la pensée féministe dans la francophonie. La Belge d’origine a d’ailleurs fondé à Bruxelles, en 1972, Les cahiers du Grif (Groupe de recherches et d’informations féministes). Dès les années 70, elle a aussi collaboré à plusieurs publications au Québec. Ce sont ces textes qui se retrouvent dans Françoise Collin, anthologie québécoise.

Comme premier contact avec l’œuvre de Collin, cette anthologie m’a fait l’effet d’une petite bombe. Bien que plusieurs années, voire décennies, me séparent de la production des textes, ceux-ci font écho à mes préoccupations de jeune femme et m’ont apporté des pistes de réflexion dans une langue limpide et belle. Car Collin a le sens de la formule. Par exemple, sur son métier d’écrivaine, elle dit: «J’écris comme on fait –faisait– le pain et je ne prétends pas nourrir le monde entier, pas même une nation» (p. 19), signifiant ainsi que son écriture, que sa pensée reste l’œuvre d’une personne et ne prétend pas atteindre tout le monde. Ou encore, sur l’oppression des femmes: «l’oppression des femmes a ceci de particulier qu’elle atteint chaque femme de manière singulière, jusque dans son intimité, et que c’est à travers chaque femme, par chaque femme, comptable devant elle seule, qu’elle doit collectivement être combattue» (p. 113). Avec cette phrase, elle résume bien l’idée que si le féminisme est un mouvement hétérogène par les solutions qu’il avance, il n’en est pas moins le combat de toutes les femmes puisqu’elles ressentent toutes les effets de l’oppression. […]

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