Brisez le silence, conseille-t-on souvent aux victimes d’abus. Briser le silence? rétorque en ruant la blogueuse et désormais auteure Pattie O’Green. «Moi, je parle depuis le début, signale cette victime d’inceste, et ce que je reçois en retour, c’est un silence. Un silence social, qui règne. Et c’est ça qui fait mal. “Libérez-vous en parlant”, disent-ils, mais ce n’est pas libérateur de parler si ce que tu reçois en retour c’est… rien!»
C’est pour casser ce mutisme que Pattie O’Green signe un petit livre coup-de-poing, son premier: Mettre la hache. Slam western sur l’inceste (Remue-ménage). S’y répand une écriture crachée, une colère à peine taillée, qui dépèce dans l’élan nos hypocrisies sociales, nos contradictions et les dommages qu’elles entraînent. [..]
Mais la parole libératrice qui jaillit de Mettre la hache, avec ses maladresses, sa langue sale de sacres et de franglais, ses fulgurances, cette colère de femme essentielle parce qu’encore trop souvent tue, fille-harpie des Josée Yvon, Geneviève Desrosiers et autres soeurs-commandos, est nécessaire. Et ce discours sur l’inceste, la convenance, les stéréotypes, la psychiatrisation, la distanciation a aussi besoin d’être. Et d’être entendu.