Florence, 16 ans, a un bon ami, Andy, mais qui n’est pas son amoureux. Elle évite de se poser des questions intimes, mais le retour de sa meilleure amie d’enfance, Raphaëlle, la pousse dans ses retranchements. Raphaëlle avait soudainement rompu tout lien avec elle, et Florence est estomaquée quand elle apprend que la raison de ce silence était la honte qu’éprouvait son amie d’avoir eu une relation amoureuse avec une fille. Petit à petit elle prend conscience de la nature de leur amitié, aime ouvertement son amie, et se revendique aussitôt lesbienne malgré les inconvénients qu’engendre cette étiquette. Isabelle Gagnon pose à travers ces personnages des questions très naïves autant qu’utiles sur l’homosexualité en tant que choix de vie.
La fille qui rêvait d’embrasser Bonnie Parker est un roman frais et naïf. Le personnage semble découvrir l’homosexualité au moment où elle lui arrive, comme si on ne lui en avait jamais parlé, ce qui permet au jeune lecteur de bonne foi de s’identifier à elle. Il est invraisemblable et amusant qu’elle se mette à taper « homosexualité » sur Internet, et tombe non pas sur des sites pornos, mais uniquement sur des sites faisant état d’actes de harcèlement homophobe, à l’exclusion d’autres infos. Sa mère elle aussi pianote, et tombe sur la nouvelle d’un attentat à Tel Aviv dans un centre gai et lesbien en 2007, qui la terrorise et lui fait craindre le pire pour sa fille. Ce choix est particulièrement significatif : la vie en Israël est difficile et dangereuse partout et pour tous, les attentats sont très fréquents, et focaliser sur cet attentat-là est révélateur. Il y a eu sans doute beaucoup plus d’homos parmi les victimes d’attentats kamikazes que de victimes de cet attentat spécifiquement homophobe ! Je ne reproche pas à l’auteure d’avoir introduit ce motif, mais que parmi tous les personnages du livre, aucun ne remette les pendules à l’heure. […]