Ce roman de Marie-Célie Agnant pose ainsi la problématique de la mémoire dans son double aspect: celui du travail de mémoire et celui du devoir de mémoire. Travail de mémoire dans la mesure où l’œuvre nous plonge en tant que témoins dans une époque de notre histoire marquée par le sang, l’extrême violence, la capitulation, la défaite, la déchéance. L’œuvre prend corps à travers une langue riche, travaillée, qui suscite chez le lecteur une conscience aiguë de ce qu’a été le duvaliérisme. C’est un effort considérable qui ne se réduit pas à une catharsis, ni à une anamnèse; il constitue plutôt le témoignage déchirant (de sa souffrance, ses luttes intérieures et sa prise de position concrète contre le duvaliérisme) d’une femme prise dans l’enceinte d’un régime qui porte l’horreur à son paroxysme.