Quel féminisme pour le 21e siècle?

Entretien animé par Guillaume Lamy avec les auteures Diane Lamoureux et Aurélie Lanctôt.

[G.L.]: Est-ce que le 20e siècle a été le dernier siècle où les féministes ont réussi à parler d’une même voix?

[A.L.]: Je vais être franche, je ne pense pas que les féministes n’aient jamais parlé d’une seule voix. Le féminisme, comme tous les mouvements politiques, a toujours eu une multiplicité de voix en son sein. La différence étant peut-être que certaines voix ont été mises de côté plus que d’autres. […] Je ne pense pas que le mouvement féministe n’ait jamais été unanime.

[G.L.]: Même pas avec les suffragettes?

[D.L.]: À l’époque des suffragettes par exemple, certaines parlaient de contraception, d’avortement, de planning familial, tandis que d’autres trouvaient que parler de sexualité était une horreur concernant les femmes. Dans les années 1960, il y a eu des divisions comme: «Est-ce qu’on se bat pour l’égalité ou pour plus de liberté sexuelle?». La place des lesbiennes dans le féminisme n’a jamais fait consensus. La question de la prostitution est un débat qui a cours depuis le 19e siècle. Ce n’est donc pas nouveau qu’entre féministes, on ne s’entende pas sur un certain nombre de choses. C’est normal. C’est dangereux pour un mouvement d’être unanime puisque ça veut dire qu’il arrête de penser. Un mouvement qui arrête de penser finit par se scléroser. Ce qui est nouveau maintenant, c’est probablement qu’on admet un peu plus ces différences et il y a une volonté de faire place à une diversité de voix au sein du féminisme.

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