Soucieuses de témoigner des dernières avancées de la poésie au féminin, Nicole Brossard et Lisette Girouard présentent la réédition d’une anthologie d’abord parue en 1991. Outre l’actualisation des textes existants, 12 jeunes voix ont été ajoutées au concert, portant à 138 le nombre de nos poètes répertoriées.
Dans une introduction substantielle, les auteures identifient les différences formelles et les préoccupations qui séparent Marie de l’Incarnation (17e siècle) de Tania Langlais (née en 1979). Les dénominateurs communs, aussi, ou les réponses données dans le poème à des questions récurrentes. Si le survol de la production ne révèle qu’un courant propre à la poésie des femmes, soit le féminisme, on établit ici une foule de rapports entre le corpus d’une époque et les croyances et valeurs de cette même époque.
L’intérêt premier du poème, pour son lecteur, est sa résonance émotive. Ce dernier sera ici servi, Nicole Brossard et Lisette Girouard ayant privilégié d’abord les textes beaux, faits de musique et d’envols. Mais au-delà de l’émotion, sur et entre les lignes, on peut faire une passionnante lecture de l’histoire des femmes, qui peu à peu s’affranchissent du rôle auquel les hommes et le clergé les ont longtemps confinées. On s’étonne ou s’amuse des attitudes des unes et des autres, à une époque donnée, à l’égard du droit aux plaisirs de la chair, par exemple. […]