Dans Les angles morts: Perspectives sur le Québec actuel, Alexa Conradi (2017) démontre que ce phénomène d’effacement de l’histoire coloniale est toujours d’actualité au Québec. Pour illustrer ses propos, Conradi prend exemple sur la «Ligne du temps de l’histoire des femmes au Québec», réalisée par le Réseau québécois en études féministes en collaboration avec le Conseil du statut de la femme. Cette ligne du temps est «un outil web à vocation culturelle et éducative qui met en lumière la contribution des femmes et des féministes à l’évolution de la société québécoise de 1600 à nos jours» (REQEF, 2015). Le récit de l’histoire des femmes au Québec commence avec l’arrivée des colons français, contribuant ainsi à perpétuer l’idée d’un territoire vide avant l’arrivée des Européen.ne.s. La ligne du temps met de l’avant le rôle des femmes du Québec, catégorie qui ne semble pas inclure les femmes autochtones puisqu’elles n’y sont pas représentées. Conradi considère que cette approche a pour effet d’invisibiliser les effets de la colonisation sur les femmes autochtones et, par le fait même, de rendre insensibles les québécois.e.s aux dynamique coloniales (Conradi, 2017 :79-83). […]